Le 22 août sort le « Guide du datajournalisme », soit la version francophone du « Data Journalism Handbook », un ouvrage de référence sur le datajournalisme.
C’est Nicolas Kayser-Bril qui a dirigé cette version francophone. Je suis revenu avec lui sur ce projet.
C’est en réalité Benjamin Gans, qui s’est entre temps retiré du projet, qui a convaincu Eyrolles de commencer ce chantier.
Oui. Le Handbook s’est imposé dès sa sortie comme une référence internationale. Il existe des livres originaux écrits par des francophones sur le sujet, notamment celui d’Alain Joannès, mais ils n’ont pas eu le même impact.
La partie anglophone a-t-elle bénéficié de mises à jour (par rapport à la version originale) ?
Pas à ma connaissance. C’est aussi l’une des spécificités de la version francophone: En publiant les textes sur GitHub, une plateforme de partage de code, nous espérons maintenir le Guide à jour.
Toi qui côtoie de nombreux datajournalistes, as-tu voulu mettre des questionnements/ des techniques en avant dans ce livre ?
Nous avons mis plus en avant les côté pratiques dans la douzaine d’ajouts originaux à la version francophone. Maintenant, le Guide a surtout vocation à mettre en avant le data-journalisme auprès des autres professionels de l’information et à leur donner une porte d’entrée. Pour les tutoriels, je crois savoir qu’une traduction du livre de Paul Bradshaw sur le scraping est en cours. Des ressources comme Le Site du Zéro sont quant à elles incontournables pour qui cherche des tutoriels pour apprendre à développer.
Comment as-tu fait pour articuler les interventions qui jalonnent ce livre ?
J’ai essayé de prendre des exemples représentatifs des pratiques actuelles, depuis des journalistes indépendants qui « s’y sont mis » jusqu’aux plus grosses rédactions, en passant par des développeurs qui sont venus vers le journalisme. De la même manière, les projets vont des grosses opérations plannifiées sur plusieurs mois aux expériences menées presque par hasard par des stagiaires.
As-tu relevé des différences entre les journalistes anglophones et francophones ?
Certaines rédactions britanniques et surtout américaines sont indubitablement en avance, et leur avance s’est accelérée ces dernières années. Les personnes embauchées et les méthodes d’organisation y sont telles que ces médias peuvent publier des produits très rapidement et efficacement. Cela dit, au niveau des journalistes, les différences entre pays sont beaucoup moins marquées: les problèmes sont les mêmes des deux côtés de l’Atlantique.
As-tu découvert des choses en réalisant ce livre ?
Oui. En reprenant certains projets de A à Z, les contributeurs ont mis en lumières des évènements ou des mécaniques que je n’avais pas saisi. Cela étant, l’objectif du guide est de rendre le journalisme de données accessible et compréhensible à un plus large public. Les experts pourront y puiser de l’inspiration dans la vingtaine d’études de cas, mais la cible reste les journalistes et autres professionnels de l’info.
Ce genre d’ouvrage peut-il aider au développement du datajournalisme ?
Oui. La version en anglais du Handbook a donné une vraie légitimité à la discipline, en rendant palpable toute la communauté des datajournalistes. J’espère qu’il va en être de même dans l’espace francophone, et que l’on va passer à des débats plus intéressants que « le datajournalisme, c’est une mode », « le datajournalisme, ce sont des infographies animées » etc.
N’aurait-il pas été intéressant d’inclure ton enquête sur la “rentabilité” du datajournalisme ?
L’article de Mirko Lorenz parle de rentabilité (« Modèles économiques du datajournalisme »). C’est vrai que l’on pourrait le mettre à jour. N’hésite pas à le faire sur http://github.com/jplusplus/guide-du-datajournalisme 🙂 (ndlr: attention, ce lien ne sera effectif qu’à partir du 21 au soir)
–> Le Guide du datajournalisme est en vente ici : http://www.amazon.fr/Guide-datajournalisme-collecter-analyser-visualiserles/dp/2212136854