C’est un projet que j’avais déjà esquissé avec les collègues de L’Avenir Huy-Waremme : en scrutant en permanence les groupes locaux Facebook, j’avais remarqué qu’une question revenait régulièrement : « peut-on tondre le dimanche ? »
À l’époque, nous en avions fait un article sur notre zone de couverture, soit 31 communes. Mais en arrivant à l’équipe web, en charge de tout le site de lavenir.net, j’avais bien envie de la décliner sur l’ensemble de la Wallonie et donc de ses 262 communes.
Reste que pour réaliser ce travail, il fallait travailler avec l’ensemble des rédactions (agences) locales du groupe, ce qui nécessitait de faire la demande au bon moment. L’occasion est venue lors d’une réunion pour le projet trans-rédaction « Destination communes », dont je vous parlerai plus en détails dans un prochain post mais dont vous pouvez déjà voir le résultat en vous rendant sur cette page.
La réunion en question portait sur les zones de police (en Belgique, la police locale travaille par zone et pas uniquement par commune). Les agences devaient contacter les différents responsables pour leur soumettre une série de questions. J’ai proposé d’ajouter celle-ci : « Peut-on tondre le dimanche » et, question subsidiaire, ce règlement est-il uniformisé pour l’ensemble de votre zone.
Cette question a été accueillie par quelques sourires moqueurs et un peu de scepticisme (avouez que vous aussi vous avez un petit sourire en lisant ces lignes) mais tous ont joué le jeu. Grâce à cette collaboration, un grande partie des zones de police (et donc des communes wallonnes) a pu être couverte. A charge pour moi, au weblab de récolter les informations manquantes.
A partir de ces données, avec le weblab de L’Avenir.net nous avons pu dresser une carte de la Wallonie avec comme angle l’aspect « data – services ». Mais nous avons aussi pu nous rendre compte que derrière ces données, basiques, se trouvaient des histoires.
Nous avons alors travaillé en plusieurs temps :
- Premièrement : synergie print/web avec la rédaction d’un article mettant en avant les histoires derrière les chiffres: « Tondre le dimanche? Entre interdiction, créneaux horaires restreints… Un vrai casse-tête pour certaines polices locales« .Cet article a été publié le samedi sur le print et sur web avec un lien vers la page accueillant la carte.
- Deuxièmement: le dimanche matin, mise en avant de la page contenant la carte.
- Troisièmement : relance, le week-end suivant, via une simple vidéo Facebook.
- Quatrièmement : un mois plus tard, mise en ligne d’un article avec un nouvel angle, contenant un lien vers la carte accueillant la carte.
Le résultat ? Un succès d’audience tant pour la carte (qui est même un joli carton d’audience) que pour les deux articles axés plus sur les histoires. Élément important: ces articles et la carte sont réservés à abonnés.
Un coup de chance ? Peut-être un peu (il paraît qu’en journalisme ne pas avoir de chance est une faute professionnelle) mais c’est aussi et surtout le résultat d’une approche globale parfaitement dans notre ligne éditoriale, soit l’information locale, voire hyperlocale:
- Répondre à une question que se posent les gens, les lecteurs (aller donc, du terrain vers la rédaction)
- Travailler en collaboration
- Permettre aux lecteurs de corriger (personne n’est à l’abri d’une erreur)
- Exploiter les données au mieux (Y-a-t-il une histoire ? Est-ce intéressant de les rendre facilement accessible ? Sous quelle forme ?…) A cet égard, je pense que la carte n’était peut-être pas nécessaire, un « simple » module de recherche par commune aurait pu être suffisant.
- Quels canaux (newsletter, Facebook…) utiliser et sous quelle forme ?
- Planning éditorial : quel support, quel jour, quel moment de la journée, quelle relance… et ainsi viser le meilleur moment avec la meilleure force de frappe.
Nous avions déjà travaillé en partie de cette façon avec les données, lorsque nous avions traité la qualité des eaux de baignade en Wallonie. Je l’ai raconté en juillet 2017 dans ce post intitulé : « Rendre plus accessibles des données publiques et capter l’attention des lecteurs« .
MISE À JOUR 09/2018 :
Un projet evergreen
En nous replongeant dans les statistiques début septembre, nous nous sommes aperçus que, sans relance, cette page était consultée les week-ends. Autre relevé intéressant: nous avons eu un pic le 14 août, soit la veille d’un jour férié en Belgique.
Cet aspect « evergreen » prouve à mes yeux que nous avons bien répondu à une demande. Et lorsque nous avons effectué une relance début septembre en prenant comme angle « Dernières tontes de l’année : quand pouvez-vous sortir votre tondeuse? » nous avons enregistré une nouvelle hausse forte d’audience.
Inspirer d’autres
Par ailleurs, la carte a inspiré Brendan Troadec qui a réalisé une carte et une déclinaison papier pour La Voix du Nord.
Concrètement, cela a demandé un gros travail de collecte car, comme pour les communes wallonnes, les règlements ne sont pas facilement / clairement accessibles.
Au niveau audience, Brendan pointe un « sujet qui marche bien et qui intéresse. On est dans la moyenne haute. »
Par ailleurs, le sujet « a suscité un peu de courrier des lecteurs en bonus ».
Sur une idée de @arnaudwery , je me suis lancé dans l’analyse des arrêtés municipaux réglementant les horaires de tonte des pelouses du Nord et du Pas-de-Calais. Une question qui est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. https://t.co/Jmnb9K9Jjk 1/2 pic.twitter.com/qS71yNcVRi
— Brendan Troadec (@brendantr) 21 août 2018