En Belgique, le dimanche 26 mai nous avions une triple élection: régionale, fédérale et européenne. Un vaste chantier pour une rédaction de presse quotidienne régionale. Et pour l’équipe du weblab il y avait matière à travailler sur un développement particulier qui viendrait s’intégrer dans une couverture plus globale.
En briefing de l’équipe web, l’idée de relancer un newsgame comme nous l’avions fait pour les élections communales (municipales) d’octobre 2018 avec “Dans la peau d’un bourgmestre” a été lancée. Mais j’étais sceptique pour plusieurs raisons:
- se mettre dans la peau de son bourgmestre (maire) est plus concret (le lecteur sait mieux se projeter) que par rapport à un rôle de Premier ministre (même si ça reste du possible, on est d’accord)
- l’impression de resservir les mêmes plats. Ce côté “redite”. Or, si notre newsgame avait bien fonctionné c’est parce qu’il y avait notamment l’effet de nouveauté, d’originalité.
- le terrain communal est vraiment notre force. Celui du fédéral l’est moins. Cela aurait nécessité un sérieux coup de main de la part des collègues de la rédaction nationale (qui est déjà en sous-effectif suite au plan de restructuration).
- le peu de temps qu’il nous restait.
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Benoît Dardenne, le responsable adjoint de l’équipe web, avait émis l’idée d’un Stratego : montrer les stratégies de chaque parti, avançant telle et telle pièce. Mais l’idée n’a pas été plus loin. Il y avait plusieurs questions/difficultés :
- comment retranscrire les différentes stratégies des nombreux partis dans une version Stratego (qui est, de base, un camp contre un autre)
- comment concevoir cela en mobile first
Benoît a alors proposé de créer une conversation whatsapp qui servirait à retracer les moments forts de la campagne. Cette approche permettait d’éviter les problèmes soulevés dans la cadre du Stratego.
Faire évoluer l’idée

À tour de rôle, Cédric Dussart et Joachim Krieger, les deux développeurs du weblab ont développé l’interface afin de rendre “notre” whatsapp aussi réaliste que possible. Ce fut un gros boulot de développement (j’y reviendrai par ailleurs). Et lors d’une réunion en vue de plancher sur l’aspect rédactionnel deux remarques furent émises:
- vu le temps passé en développement, il faut éviter la publication one-shot comme envisagée initialement (la conversation whatsapp devait être publiée quelques jours avant les élections)
- comment permettre un peu d’interactivité (et pas seulement avoir la conversation qui défile).
Pour tenter de pouvoir publier la conversation à plusieurs reprises, le projet a donc été avancé de 10 jours (en gros, il ne nous restait que 3, 4 jours pour bosser et écrire les scénarios). L’idée ? Pouvoir ajouter différents passages et donc faire quelques relances.
Pour apporter un aspect “interactif”, il a alors été convenu de publier une conversation principale (Elections 2019) aux côtés de laquelle le lecteur pourrait trouver d’autres conversations (plus courtes) sur des sujets annexes.
Restait à créer les conversations. Pour cela, nous avons fait appel à Xavier Diskeuve, un journaliste de l’équipe web qui a pas mal d’expérience dans l’écriture de textes décalés, parodiques. Mais la condition était que ces textes se basent sur des faits réels (dates, véritables déclarations…) et que cela soit présenté sous format “whatsapp”. L’air de rien, cette dernière précision a tout son importance. Nous avons pris le parti d’être dans le whatsapp de Charles Michel, le premier ministre sortant. Cela signifie qu’il faut concevoir les conversations depuis ce point de vue: qui inviter, comment, quand… Il y a une réflexion derrière chaque narration.
Pour Xavier, whatsapp était une découverte, nous avons donc travaillé en plusieurs étapes: il lance l’histoire, je repasse ensuite m’assurer que ça collait bien au niveau des dates, du déroulé whatsapp et j’ajoute les gifs, emojis… L’ensemble était ensuite relu par Benoît puis intégré par le développeur.
Une matinée cruciale
L’objectif pour la première publication était d’avoir une conversation principale (Elections 2019) et deux ou trois autres discussions.
Mais à quelques heures de la première publication (prévue un vendredi après-midi), le projet pris une autre forme. Vu les premières conversations que nous avions préparé avec Xavier, j’ai proposé que le projet devienne une série à part entière : nous avions assez de conversations pour proposer durant 4 jours un rendez-vous. Du one-shot initial, nous sommes passés à un aspect sériel.
Ce même matin, c’est en discutant avec Sébastien Cattalini qu’il a proposé ces visuels très marqués qui sont utilisés sur la home page du site.
Découvrez en accès libre « Dans le WhatsApp de Charles Michel » (n’hésitez pas à le découvrir aussi en version desk et mobile)
Un vrai travail d’équipe
Alors que le weblab de Lavenir.net entre dans sa troisième année d’existence, ce travail sur le whatsapp nous prouve que toutes les pièces continuent à se mettre en place et que nous récoltons ce que nous avons commencé à semer:
- les développeurs ont pu bosser sur le code, l’un après l’autre, en toute fluidité. Un travail conséquent de 10 jours. (cocasse: il était tellement réaliste que lors d’un test de grand-mère, une collègue a cru qu’elle était dans le whatsapp de Cédric)
- une riche collaboration entre l’équipe web et le weblab (chacun apportant son savoir-faire, son expérience). Au final, un vrai gain de temps (une conversation pouvant été conçue et mise en ligne en l’espace de quelques heures)
- une collaboration étroite avec la cellule graphique qui s’impose plus que jamais, comme je l’avais souligné dans ce post.