To read the englis version click here
Fin janvier, la rédaction des pages nationales de l’Avenir s’est associée à Patrick Severin pour diffuser son documentaire « Parasites » (à propos de l’exclusion des chômeurs).
Durant une semaine, l’équipe de journalistes a animé le débat sur cette thématique. Un travail de longue haleine qui s’est terminé, le samedi, par une « édition citoyenne », soit un supplément de 8 pages reprenant uniquement les commentaires des lecteurs et internautes (venus sur la page de lavenir.net, par mail ou encore via la page facebook du journal). Ce supplément a également été mis en ligne gratuitement le lundi suivant.
Aux commandes de ce projet, Yves Raisière, le responsable des pages nationales. Dès le départ, Yves a voulu valoriser les commentaires des lecteurs et internautes. « Nous avions déjà entrepris une telle démarche lorsque la Belgique avait finalement retrouvé un gouvernement fédéral, après une crise de 541 jours. » Yves en a profité pour améliorer un des points « faibles » du premier projet : la redondance des commentaires. « Cette fois, nous avons travaillé par thématiques. » Chaque jour, un nouveau thème, alimenté par les articles de la rédaction, était proposé. Parfois, des commentaires permettant même de rebondir directement et d’alimenter un thème suivant, en recontactant des lecteurs/internautes.
La mise en page du supplément nécessitait aussi une organisation des commentaires : plus développés, brefs… « C’est essentiellement sur la page facebook du journal que nous avons trouvé les commentaires alimentant les espaces « vite dit » (les brèves) dans les pages. Les commentaires plus « développés » venaient par mail ou via le forum sur le site.
Yves ne s’en cache pas, gérer et utiliser les commentaires, c’est « une masse de travail considérable« . « En se lançant dans ce projet de supplément de 8 pages, on avait bien sûr une crainte mais nous voulions prendre en compte tous les commentaires, même les plus dures (ndlr: en page 2 du supplément, on retrouve par exemple le commentaire titré « L’Avenir participe à la destruction de la société »). Au final, on a été très étonnés des commentaires constructifs. »
Pour le chef d’édition, au-delà du travail journalistique, ce projet permet de montrer aux lecteurs/internautes que la rédaction accorde de l’importance à leurs propos. « Nous apportons aussi quelque chose de différent et nous travaillons à notre réseau. Tout le monde en sort grandi. » Quant à l’éditeur, c’est un plus en terme d’image.
La gestion (répondre, relancer, trier…) des commentaires ayant le plus pris de temps, Yves Raisière estime que la présence d’un community manager (ou d’un social media editor) aurait été un vrai plus. L’équipe sera-t-elle dès lors renforcée lors d’un projet de ce type ? Pas certain, tout dépend évidemment du budget.
Déclinaison pour les rédactions locales
Une semaine de travail considérable pour une série ponctuée par un supplément à partir de commentaires de lecteurs/visiteurs : ce genre de projet peut-il être décliné pour des dossiers autres que d’un intérêt « national » ? Yves Raisière en est convaincu : « Pas besoin de faire un supplément de 8 pages à chaque fois mais, oui, clairement, ce travail peut être repris par des rédactions locales. Cela pourrait prendre du sens lorsqu’un dossier important est d’actualité : consultation populaire… » L’intérêt pour la rédaction locale est aussi d’offrir un dossier complet et thématisé sur un événement.
Philippe Couve m’a interrogé à propos de cette valorisation des commentaires, dans le cadre d’une réunion du GESTE (le groupement des éditeurs de services et de contenus en ligne). Voici mon interview vidéo : « Quand un journal décide d’utiliser les commentaires avec intelligence et efficacité » .
Ne maquez pas de lire la remarque de Sam Piroton, dans les commentaires en bas de ce post, lui qui a lu le supplément mais sans avoir suivi la série durant la semaine écoulée.
It takes preparation to use and put your readers’ comments forward
In late January 2015, the national editorial office of the Belgian Newspaper L’Avenir joined forces with Patrick Severin to broadcast his documentary “Parasites”, which deals with the exclusion of unemployed people.
For one week our journalists led a debate about this topic on the internet. Any citizen had the opportunity to make a comment or give an opinion. This long-term work came to an end on Saturday. Their comments will be published in an 8-page additional edition that will also be available online at no cost by next Monday.
Yves Raisière, head of our national pages, ran this project. From the outset, Yves has wanted to put the readers and net surfers’ comments forward: “We had already undertaken such an action when a federal government had eventually been agreed upon in Belgium after a 541-day political crisis”. The redundancy of comments was one of the weak spots of the first project. Therefore, Yves tried to improve this weakness. “This time, we worked thematically”. Each day, a new topic, which was fed by our articles, was proposed. Some comments even allowed us to react straight away and to feed a new topic by getting in touch with readers or web users.
The layout of this additional edition also requested a reorganisation of the comments (length etc.). We essentially found comments to feed the “bar talk” pages on the newspaper’s Facebook page whereas more “developed” comments were e-mailed or sent to our website’s forum.
Yves openly admits that managing and using comments is “a huge amount of work. When we started this project, we were a little worried but we wanted to take every single comment into account – even the toughest ones such as “L’Avenir contributes to the destruction of our society”. In the end, we were very amazed by the constructive comments.”
According to the editor in chief, this project, beyond the journalistic work, gives us the opportunity to show the readers/web surfers that the editorial staff attach importance to what the people want to express. “We also bring something different and we reinforce our network. Everyone benefits from this experience”. The editor believes it is very interesting in terms of image.
Yves Raisière assumes that the presence of a community manager would have been a real plus. Indeed, managing the comments (answering, chasing up, sorting out etc.) took a lot of time. Will our team be reinforced for another similar project? Not sure at all. It depends on the budget that will be granted to us.
Could we imagine such a project for local issues?
Here above, I explained the setting-up of our 8-page additional edition, which handled nationwide topics only. Could this project be limited to more local issues? Yves Raisière is convinced of it: “There is no need to edit 8 pages each time but local editorial offices may indeed do the same kind of work. This could make sense when an important file (e.g. a public consultation) is topical”. The interest for a local editorial office is also to provide a complete and thematised file about one event.
Le point négatif de la démarche, et tu le cites d’ailleurs: un supplément de 8 pages reprenant uniquement les commentaires des lecteurs et internautes. Quand tu en as parlé à la sortie, je l’ai récupéré et lu. Mais… cela m’a rapidement saoulé. Prendre en compte, diffuser l’avis des lecteurs, c’est OK. Mais pour moi, ça manquait clairement d’une mise en perspective, d’un cadrage. Je ne sais si d’autres partagent ceci, mais c’est mon opinion. J’avais clairement un sentiment de « trop peu ».
Je comprends ce que tu veux dire.
Une idée pour contourner ce problème aurait pu être d’augmenter le supplément avec, par exemple, qq articles parus la semaine (ou synthèse d’article) car il y avait déjà eu pas mal de « matière » déclinée durant les 5 premiers jours.
Ca, ou expliquer la démarche. Les 5 premiers jours, moi, je ne les ai pas eu sous la main. Du coup, ce supplément m’est tombé comme une matière brute, que j’ai eu du mal à comprendre… Je pense qu’on met le doigt sur un truc: voir ce supplément comme un stand-alone (ce qu’il était forcément ce jour-là) alors que vous le considériez, à la rédac, comme faisant partie d’une semaine de cadrage.