
Début décembre, Nicolas Becquet me glissait cette phrase: « J’ai appris à regarder en arrière pour mesurer les progrès accomplis, même si ça ne va jamais assez vite. » Une phrase assurément dictée par son expérience et qui permet parfois de relativiser certaines choses.
Du coup, je vais aller jusqu’au bout de cette introspection et jeter un sérieux coup d’oeil dans mon rétro. Avec une année 2014 placée sous le signe de la transmission d’expérience et de rencontres.
1. Evangéliste numérique au sein de lavenir.net
Ce n’est pas sans une pointe d’appréhension que j’ai débuté ma mission « d’accélérateur web » en février. Pendant 4 mois, j’allais sillonner les rédactions de lavenir pour encourager le développement de web enrichi, de travail numérique. A chaque fois, j’ai passé +/- une semaine dans chaque rédaction. Cela a permis, par exemple, de développer et d’utiliser dans les rédactions une timeline verticale.
Indirectement, ces 4 mois ont permis de monter un webdocumentaire alimenté par toutes les rédactions. J’ai réussi aussi à me dégager un peu de temps pour tester des outils qui nous servirons peut-être dans un futur très proche. Presque un luxe, aurais-je envie d’écrire…
Ce projet, clairement limité dans le temps, a permis, à mon sens, de mettre toutes les rédactions sur un « même pied » (connaissances, démonstrations et utilisations d’outils qui sont aujourd’hui devenus, pratiquement la norme sur le web).
J’ai cependant expliqué à ma direction que pour que cette formation porte ses fruits, il fallait maintenant soutenir l’envie née dans les différentes rédactions et les aider à développer leurs propres projets ou mettre sur pied des projets croisés. Sous peine de voir le soufflé retomber…
2. Un journocamp pour se sentir un peu moins seul
Cela fait plus d’un 1,5 an que j’ai adhéré à la communauté lancée par Cédric Motte sur Google+. En mars dernier, avec Davanac et Ettore Rizza, on est descendu à Paris pour participer au premier journocamp. L’occasion de discuter avec quelques pointures en matière de journalisme en ligne, parfois jusque tard dans la nuit. L’occasion aussi de se sentir un moins seul (haaa ces moments où vos collègues vous regardent avec de grands yeux lorsque vous prononcez embed, tableur… ^^)
Et puis, sur le trajet du retour, Marianne Rigaux m’a donné envie de me mettre au diaporama sonore.
3. A l’université mais de l’autre côté de la barrière
En octobre, j’ai commencé à donner cours de journalisme en ligne à l’ULB. J’avais déjà eu un premier contact avec des étudiants de supérieur lorsque j’avais été faire « rédacteur en chef » pour un cours pratique de Philippe Laloux à l’Ihecs.
A l’ULB, je donne cours à des étudiants en 1ère master.
Après 3 mois, j’ai l’impression que le journalisme web conserve un côté « gadget » pour pas mal d’entre eux. Mais je suis surpris de voir la faculté qu’ils ont pour prendre en main les outils ou écrire sur le web, épaulé par Florian Tixier.
Ce cours m’a forcé à m’interroger sur le journalisme web, l’écriture… bref, sur ce que je faisais spontanément. Il me donne aussi envie de réutiliser certains outils que j’avais mis un peu de côté.
4. Développer le labo de l’Avenir Huy-Waremme
En juin, je suis revenu à la rédaction de l’Avenir Huy-Waremme. J’y ai un peu changé ma façon de travailler. Je travaille moins sur des projets de mon côté mais j’essaie de développer les aspects web auprès de tous mes collègues.
D’emblée, j’ai mis l’accent sur la page facebook. Il fallait travailler sur l’engagement et sur son « alimentation »: « Un papier web n’est terminé que s’il est posté facebook ». Il a fallu mettre en place de nouvelles habitudes: ne pas oublier la page le week-end (à la rédaction locale, il n’y a qu’un seul journaliste qui bosse durant le week-end et qui doit donc être partout), développer les informations sportives (en quelques mois, ces infos qui ne suscitaient guère d’intérêt font parfois dans les meilleurs résultats sur la page FB et dans les stats du site), expliquer l’intérêt de la programmation…
Ce fut parfois difficile à mettre en place (souvent répéter et risquer d’énerver), ça a pris beaucoup de temps (suivre le week-end…), il y a encore des choses à améliorer mais certains automatismes pointent le bout du nez. Et lorsqu’un collègue te demande si tu peux prendre un peu de temps pour lui expliquer plus en détail parce qu’il aimerait « bien aussi le faire », tu prends ça comme une belle victoire.
J’ai aussi axé sur le côté « bi-média » et les différentes temporalités. Un faits divers est maintenant rapidement mis en ligne mais il y a aussi l’intérêt de rentrer un papier web en revenant d’une conférence de presse, d’une réunion, d’un conseil communal (municipal)… Un premier papier qui sera complété ensuite par un article print le lendemain.
Pas toujours facile à mettre en pratique, il faut l’avouer (malgré les grandes théories qui circulent sur le web). Et puis, il y a des petites histoires cocasses comme ma collègue à qui je propose de faire un papier web, faute de place dans le print pour le lendemain, mais qui au final me dit : « Je vais faire de la place dans le journal de demain, je n’arrive pas à me dire que j’écris seulement pour le web ».
Il y a aussi le projet de développer de l’hyperlocale sur le web là où on est particulièrement implanté mais ça cale, pour l’instant, faute d’effectifs.
Troisième aspect: le multimédia. Alors que l’Avenir a fourni un iPhone à tous ses journalistes, je trouve que l’outil est souvent mal ou en tout cas sous-utilisé. En juin, une formation de l’AJPRO avec Nicolas Becquet a relancé l’intérêt au sein de la rédaction. Un des journalistes sportifs réalise déjà pas mal de vidéos lors des matchs (foot, basket, volley…) et il fait souvent les montages lui-même. Une autre collègue essaie d’utiliser thinglink ou des contenus multimédias, tandis qu’un troisième a spontanément (c’est-à-dire sans que j’insiste avant) filmé une interview. De mon côté, j’essaie d’apporter du son (ça évite les vidéos tremblotantes) dans certains papiers. (retour d’un ami qui avait vu une de mes vidéos : « Hooo, c’est sympa ce que vous faites. Bon, ça fait pas super pro mais au moins j’ai regardé jusqu’au bout »)
Enfin, je retravaille aussi les papiers web: titres, photos…
Avec ce constat : il me faudrait un coup de main. D’où ma demande à ma responsable d’avoir un stagiaire spécialement dédié.
5. Moins de projets data / multimédias
Conséquence directe de ce changement : j’ai moins de temps pour « mes » projets web. Bonne ou mauvaise chose ? En tout cas, la « dépendance » d’une équipe envers une personne ne me paraît pas idéale.
Je suis quand même assez satisfait du travail « image + son » pour ma descente dans les réseves d’eau potable.
Je pense que le projet « data-service-publique » avec la carte des plaines de jeux a toute sa raison d’être.
Je suis un peu moins satisfait du rendu de l’état de santé des ponts publics.
J’ai particulièrement aimé le résultat d’une page print + déclinaison web sur l’anniversaire du bombardement de Waremme en 1944.
Sans oublier, au début de l’année, le 1er long format de lavenir.net sur un motard belge, malheureusement décédé au Dakar
Pour 2015, j’espère enfin soumettre un projet au Fonds pour le journalisme. J’ai des projets de long formats (l’envie de creuser les choses), des séries print/web…
Merci pour ce retour d’expériences Arnaud. Prendre le temps d’évaluer les réussites et les échecs est indispensable pour avancer et s’avère utile pour les autres ;). Meilleurs voeux pour tes projets 2015!
Merci à toi Nicolas, pour ton conseil 😉
Je quitte 2014 sur un sentiment mitigé : de sacrées belles choses mais aussi, ces derniers mois, l’envie de placer la barre plus haut, de tenter de nouvelles façons de raconter des histoires… et de ne pas réussir à trouver les clefs. C’est peut-être ici que la difficulté commence : soit on arrive aux limites de capacités (humaines-financières) de lavenir, soit je m’y prends mal… ou un peu des deux 🙂